Le dictionnaire Larousse nous dit que l’empathie est la faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent.
Cette capacité est-elle innée ou est-elle le fruit de l'éducation ?
Détours par les neurosciences pour comprendre la source et l’impact de l’empathie sur le comportement humain.
L’empathie, un sentiment à renforcer par l'éducation.
A Saint-Etienne , Roland Peyron, neurologue, a analysé les réactions de notre cerveau lorsque l'on souffre et lorsque l'on voit quelqu'un souffrir. Son verdict est clair : à chaque fois, la même région de la douleur est impactée.
Mais même si elle est un réflexe, l'empathie peut être développée par l'éducation. Deux enfants de deux ans et demi sont capables d'empathie, même si cela leur prend du temps. Deux enfants de cinq ans, eux, agiront avec empathie de manière spontanée. Leur empathie a été renforcée. Mais l'inverse est aussi possible : des études ont montré que les enfants soldats ou les enfants qui ont grandi sans famille peuvent perdre toute capacité d'empathie. Même innée, l'empathie doit être ENCOURAGEE.
L'empathie n'est ni de l'altruisme, ni de la compassion, ni de la sympathie. Tania Singer (psychologue et neuroscientifique allemande) parle d’empathic concern qu'elle traduit par la préoccupation envers les autres.
Grace à l'utilisation de l'IRM, elle a mis en évidence l'utilisation des neurones miroirs qui nous permettent de comprendre la souffrance de quelqu'un. Nous activons les mêmes circuits neuronaux dans notre cerveau quand nous souffrions et quand nous voyons quelqu'un souffrir.
Nous sommes, en quelque sorte, bâtis biologiquement pour entrer en résonance empathique avec l'autre de façon plus ou moins automatique. Pourtant, cet "automatisme empathique" ne semble pas se matérialiser de façon évidente dans le monde où nous vivons.
Si ces réseaux sont importants pour comprendre nos émotions et doivent être réactivés pour comprendre les émotions des autres, un déficit de compréhension de nos émotions devrait constituer un obstacle à la compréhension des émotions des autres.
Pour valider cette hypothèse, des expériences ont été menées avec des personnes souffrant de déficit émotionnel (alexithymie3) ou d'autisme (asperger). Elles ont démontré que, dans une situation faisant appel à l'empathie, plus le déficit émotionnel chez la personne était important, moins le cortex intéroceptif était activé.
La conclusion de ces études pourrait se résumer par "si vous voulez comprendre les autres, commencez par vous comprendre vous même".
C'est donc partant de cette évidence qu'il apparait comme étant fondamental de faire un travail autour des émotions avec le jeune enfant.
Identifier les indicateurs émotionnels chez l'autre, chez soi... nommer les émotions, les reconnaitre au travers d'activités ou dans la spontanéité de l'instant... l'adulte, par sa parole, est le meilleur vecteur de connaissance et de reconnaissance des émotions internes et externes.
Que ce soit en collectivité ou au sein de la famille, le travail d'éveil aux émotions est capital pour soutenir l'émergence et le développement de l'empathie.
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